Es-tu d'avis de partager les honneurs entre les ménages ?
- C'est quelquefois une petite lâcheté, moyennant laquelle on ne fait pas trop de mécontents, tout en n'obtenant que de demi-satisfaits. Je vois toutefois cet arrangement très acceptable dans deux cas :
- Le premier : celui où la situation de l'un des époux lui est très personnelle, par exemple, pour le mari, s'il s'agit d'un savant, d'un écrivain, d'un médecin, d'un avocat notoire; pour la femme s'il s'agit d'une présidente d'oeuvre ... décorée !
- Le second cas : celui où la situation d'un ménage n'a point de particularité par rapport à l'autre.
- Amen et bravo ! Seulement tu as oublié que j'avais un grief personnel à te soumettre. On m'a fait un passe-droit révoltant, hier, à dîner. Je vais te raconter ...
- Ne vois-tu pas combien c'est inutile ? Observe toutes les considérations par lesquelles il te faut passer avant de te plaindre, les égards dus de groupe à groupe, les nuances de personne; songe charitablement aux difficultés dans lesquelles se sont trouvés tes hôtes ! Le manquement te paraît-il trop gros ? Pas besoin d'incident diplomatique, encore moins, de fâcherie. Un petit mot glissé en souriant... et, si l'inspiration te vient, mets-y de l'esprit !
- Puis, apaise-toi. Et tu auras, comme le chante Paul Valéry :
"L'amertume douce et l'esprit clair"
Duc de Lévis Mirepoix, Comte Félix de Voguë - La Politesse - son rôle, ses usages aux Editions de France - 1937